Le saviez-vous ? L'homme du néolithique des plateaux d'Anatolie
était un gastronome : c'est lui qui, le premier, apprécia
les variétés comestibles produites par un arbuste - le
pommier - apparu sur terre voici quatre-vingt millions d'années.
C'est également lui qui conduira la pomme à la conquête
des régions tempérées de l'Europe et, beaucoup
plus tardivement, du monde.
Les grecs non plus ne s'y trompèrent pas. Trois siècles
avant notre ère, dans son Histoire des Plantes, Théophraste
distinguait six variétés de pommes que l'Odyssée
d'Homère évoque sous le terme flatteur de "beaux
fruits" : "les agrestes ou sauvages, les printanières
ou précoces, les sérotines ou tardives, les mélimèles
ou douces, les épirotiques venues de l'Epire et enfin les urbaines
ou... cultivées". Six différents types de variétés
que les Romains portèrent quant à eux à une bonne
trentaine, jusqu'à ce que la pomologie, consacrée comme
véritable science à la fin du 16ème siècle,
en dénombre plus de cent, rien qu'en France !
Au 19ème siècle, la pomme connaît un essor spectaculaire
dans lequel la France joue un rôle éminent. Un véritable
âge d'or de la création qui voit la pomme se multiplier
sous forme de variétés toujours plus savoureuses, mieux
adaptées à une large diffusion. Ce sont alors 527 variétés
bien différenciées que le grand pépiniériste
André Leroy décrit à l'époque dans son dictionnaire
en mettant un peu d'ordre, au passage, dans une nomenclature bien peu
rigoureuse. Le travail de nombreux hybrideurs fera le reste : fruit
de nombreux croisements et évolutions, la pomme peut aujourd'hui
se prévaloir d'un éventail gourmand de six mille variétés
réparties à travers le monde. Toutes, à leur façon,
font mentir le préjugé selon lequel "rien ne vaut
les bonnes vieilles variétés d'autrefois", car toutes
constituent un merveilleux cadeau du ciel !