Jessé de Forest
Les dépressions saisonnières- 2005

A) Description médicale
Durant les quelques mois qui précèdent et qui suivent le solstice d'hiver, les journées sont courtes et le soleil brille souvent par son absence. Ce manque d'ensoleillement n'est pas sans affecter les êtres solaires que nous sommes. Privés d'un apport suffisant de luminosité, nous nous sentons moins d'entrain et peut-être sommes-nous un peu plus sombres. Tout le monde est plus ou moins affecté par le manque de lumière, mais chez certaines personnes, cette période de grisaille entraîne une véritable dépression : la dépression saisonnière (aussi appelée trouble affectif saisonnier). La population adulte nordique, dont une majorité de femmes, est touchée par ce type de dépression. Les enfants ne sont pas épargnés. Des études indiquent que les enfants âgés de 9 à 19 ans souffrent de dépression saisonnière. Plus on s'éloigne de l'équateur, plus ce pourcentage augmente. En Alaska, on estime que un dixiéme de la population sombre dans la déprime à l'approche de l'hiver.

B) Cause
Manque d'ensoleillement (hypersensibilité aux modifications hormonales liée au manque d'ensoleillement).


C) Symptômes
Les symptômes suivants surviennent toujours à la même période de l'année, d'octobre à mars, mais surtout en novembre, en décembre et en janvier.
· Un état de fatigue chronique.
· Une irritabilité ou une tristesse, une perte d'intérêt et un manque d'initiative.
· Des troubles de concentration.
· Une baisse de la libido.
· Un besoin exagéré de sommeil.
· Une faim excessive et, en particulier, des fringales de sucre (ce qui favorise bien sûr la prise de kilos).


D) Personnes à risque
Les femmes sont plus souvent victimes de la dépression saisonnière que les hommes. Les enfants peuvent aussi en souffrir.


E) Prévention
Bains de lumière naturelle, Prendre l'air au moins une heure par jour et un peu plus longtemps les jours gris. L'éclairage artificiel, qui reproduit très mal le spectre lumineux du soleil, est loin d'être aussi thérapeutique que la lumière extérieure.
- Laisser pénétrer le maximum de lumière solaire à l'intérieur de sa demeure. Si possible, prévoir une meilleure fenestration ou un appartement mieux éclairé. Des murs de couleurs pâles augmentent à coup sûr la luminosité d'une pièce. Pour ce faire, on peut aussi placer quelques miroirs dans des endroits stratégiques.


F) Exercice
S'il est pratiqué à l'extérieur, à la lumière du jour, l'exercice physique aide à prévenir la dépression saisonnière.

 

G) Traitements médicaux

1) Luminothérapie (photothérapie)
Puisque la dépression saisonnière résulte d'un manque de lumière, il suffit généralement de combler cette lacune pour retrouver son entrain. Des vacances dans le Sud sont tout à fait indiquées, mais pour une solution moins coûteuse, on peut avoir recours à la luminothérapie. Les études démontrent que cette thérapie donne des résultats positifs chez 80 % des personnes affectées1. La luminothérapie consiste tout simplement à s'exposer quotidiennement à une lumière à large spectre dont l'intensité varie entre 2 500 à 10 000 lux. Les séances qui doivent durer entre 30 minutes et 2 heures se font à heure fixe2 et elles sont généralement plus efficaces si elles ont lieu le matin. La thérapie dure entre 8 et 21 jours selon la gravité du cas, mais une amélioration peut déjà se faire sentir après trois ou quatre séances. L'effet bénéfique de l'exposition à la lumière s'expliquerait par son action sur le métabolisme de la mélatonine. Des recherches scientifiques indiquent que ce métabolisme est déréglé chez les personnes qui souffrent de dépression saisonnière18. En effet, on a observé chez celles-ci un niveau anormalement élevé de mélatonine durant le jour3, et l'exposition à la lumière diminuerait sa production4. La mélatonine, l'hormone du sommeil, exerce une influence importante sur l'horloge biologique interne. C'est durant la nuit, à la noirceur, que sa production est à son maximum. Pour le pourcentage de la population particulièrement sensible au manque de luminosité, une cure de dix séances de luminothérapie en début d'hiver alors que les premiers symptômes de la dépression commencent à se manifester permet de contrecarrer la dépression. En plus d'apporter des résultats rapides, la luminothérapie ne provoque que très peu d'effets secondaires ou de complications.Les traitements de luminothérapie peuvent se faire en clinique, mais aussi à la maison. On peut se procurer en commerce une lampe portative tout aussi efficace que celles utilisées en clinique. Différentes sociétés en fabriquent. On peut également s'adresser à son médecin. Simulation artificielle de l'aube. Une autre forme de luminothérapie consiste à recréer les conditions naturelles du réveil, en simulant le lever du soleil. Pratiquement, il suffit de troquer son réveille-matin par une " lampe d'aube " programmée pour éclairer la chambre progressivement, dès l'heure voulue. Dans les années 1990, quelques études (de petite échelle, sur un court laps de temps) ont démontré que la simulation d'aube est efficace pour réduire les symptômes de la dépression saisonnière (augmenter l'énergie, améliorer l'humeur et la productivité, etc.)5-7. D'après deux études récentes de plus grande envergure, cette méthode serait même plus efficace que la luminothérapie classique pour traiter la dépression saisonnière8,9.

2) Antidépresseurs
Le recours aux antidépresseurs (Prozac, Celexa et Zoloft) s'est avéré efficace, que ceux-ci soient utilisés seuls ou en combinaison avec la luminothérapie.

3) Psychothérapie
Un suivi en psychothérapie peut aider à diminuer les symptômes de la dépression saisonnière par un travail sur les attitudes négatives et les comportements.


4) Traitements non conventionnels :Phytothérapie

Millepertuis. (Hypericum perforatum). Si l'efficacité du millepertuis pour traiter la dépression ne fait plus de doute, peu d'études ont évalué ses effets sur les symptômes de la dépression saisonnière. Trois études de faible envergure ont été publiées dans les années 199010-12. Lors de l'étude la plus récente, on a comparé l'effet du millepertuis à celui du millepertuis combiné à la luminothérapie. Dans cette petite étude non contrôlée d'une durée de huit semaines sur des personnes souffrant de dépression saisonnière, on a observé une amélioration significative en ce qui a trait à l'anxiété, à la perte de libido et à l'insomnie pour les deux traitements. Les mesures étaient identiques pour les deux groupes, exception faite de la qualité du sommeil qui était meilleur dans le deuxième groupe10. Lors de ces études, des doses quotidiennes de 900 mg d'extrait standardisé de millepertuis ont été utilisées.N.B. En ce qui concerne l'action photosensibilisante du millepertuis (qui d'ailleurs serait inexistante aux doses normalement recommandées), le Dr Andrew Weil affirme qu'elle n'est d'aucun risque, même en combinaison avec la luminothérapie puisque la photosensibilisation produite par l'ingestion de millepertuis ne concerne que les ultraviolets (des rayons que ne produisent pas les lampes requises au traitement)13.

 

Travaux réalisés par les TH1 - mai 2005.

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