A) Description médicale
Durant les quelques mois qui précèdent et qui suivent
le solstice d'hiver, les journées sont courtes et le soleil
brille souvent par son absence. Ce manque d'ensoleillement n'est pas
sans affecter les êtres solaires que nous sommes. Privés
d'un apport suffisant de luminosité, nous nous sentons moins
d'entrain et peut-être sommes-nous un peu plus sombres. Tout
le monde est plus ou moins affecté par le manque de lumière,
mais chez certaines personnes, cette période de grisaille entraîne
une véritable dépression : la dépression saisonnière
(aussi appelée trouble affectif saisonnier). La population
adulte nordique, dont une majorité de femmes, est touchée
par ce type de dépression. Les enfants ne sont pas épargnés.
Des études indiquent que les enfants âgés de 9
à 19 ans souffrent de dépression saisonnière.
Plus on s'éloigne de l'équateur, plus ce pourcentage
augmente. En Alaska, on estime que un dixiéme de la population
sombre dans la déprime à l'approche de l'hiver.
B) Cause
Manque d'ensoleillement (hypersensibilité aux modifications
hormonales liée au manque d'ensoleillement).
C) Symptômes
Les symptômes suivants surviennent toujours à la même
période de l'année, d'octobre à mars, mais surtout
en novembre, en décembre et en janvier.
· Un état de fatigue chronique.
· Une irritabilité ou une tristesse, une perte d'intérêt
et un manque d'initiative.
· Des troubles de concentration.
· Une baisse de la libido.
· Un besoin exagéré de sommeil.
· Une faim excessive et, en particulier, des fringales de sucre
(ce qui favorise bien sûr la prise de kilos).
D) Personnes à risque
Les femmes sont plus souvent victimes de la dépression saisonnière
que les hommes. Les enfants peuvent aussi en souffrir.
E) Prévention
Bains de lumière naturelle, Prendre l'air au moins une heure
par jour et un peu plus longtemps les jours gris. L'éclairage
artificiel, qui reproduit très mal le spectre lumineux du soleil,
est loin d'être aussi thérapeutique que la lumière
extérieure.
- Laisser pénétrer le maximum de lumière solaire
à l'intérieur de sa demeure. Si possible, prévoir
une meilleure fenestration ou un appartement mieux éclairé.
Des murs de couleurs pâles augmentent à coup sûr
la luminosité d'une pièce. Pour ce faire, on peut aussi
placer quelques miroirs dans des endroits stratégiques.
F) Exercice
S'il est pratiqué à l'extérieur, à la
lumière du jour, l'exercice physique aide à prévenir
la dépression saisonnière.
G) Traitements médicaux
1) Luminothérapie (photothérapie)
Puisque la dépression saisonnière résulte d'un
manque de lumière, il suffit généralement de
combler cette lacune pour retrouver son entrain. Des vacances dans
le Sud sont tout à fait indiquées, mais pour une solution
moins coûteuse, on peut avoir recours à la luminothérapie.
Les études démontrent que cette thérapie donne
des résultats positifs chez 80 % des personnes affectées1.
La luminothérapie consiste tout simplement à s'exposer
quotidiennement à une lumière à large spectre
dont l'intensité varie entre 2 500 à 10 000 lux. Les
séances qui doivent durer entre 30 minutes et 2 heures se font
à heure fixe2 et elles sont généralement plus
efficaces si elles ont lieu le matin. La thérapie dure entre
8 et 21 jours selon la gravité du cas, mais une amélioration
peut déjà se faire sentir après trois ou quatre
séances. L'effet bénéfique de l'exposition à
la lumière s'expliquerait par son action sur le métabolisme
de la mélatonine. Des recherches scientifiques indiquent que
ce métabolisme est déréglé chez les personnes
qui souffrent de dépression saisonnière18. En effet,
on a observé chez celles-ci un niveau anormalement élevé
de mélatonine durant le jour3, et l'exposition à la
lumière diminuerait sa production4. La mélatonine, l'hormone
du sommeil, exerce une influence importante sur l'horloge biologique
interne. C'est durant la nuit, à la noirceur, que sa production
est à son maximum. Pour le pourcentage de la population particulièrement
sensible au manque de luminosité, une cure de dix séances
de luminothérapie en début d'hiver alors que les premiers
symptômes de la dépression commencent à se manifester
permet de contrecarrer la dépression. En plus d'apporter des
résultats rapides, la luminothérapie ne provoque que
très peu d'effets secondaires ou de complications.Les traitements
de luminothérapie peuvent se faire en clinique, mais aussi
à la maison. On peut se procurer en commerce une lampe portative
tout aussi efficace que celles utilisées en clinique. Différentes
sociétés en fabriquent. On peut également s'adresser
à son médecin. Simulation artificielle de l'aube. Une
autre forme de luminothérapie consiste à recréer
les conditions naturelles du réveil, en simulant le lever du
soleil. Pratiquement, il suffit de troquer son réveille-matin
par une " lampe d'aube " programmée pour éclairer
la chambre progressivement, dès l'heure voulue. Dans les années
1990, quelques études (de petite échelle, sur un court
laps de temps) ont démontré que la simulation d'aube
est efficace pour réduire les symptômes de la dépression
saisonnière (augmenter l'énergie, améliorer l'humeur
et la productivité, etc.)5-7. D'après deux études
récentes de plus grande envergure, cette méthode serait
même plus efficace que la luminothérapie classique pour
traiter la dépression saisonnière8,9.
2) Antidépresseurs
Le recours aux antidépresseurs (Prozac, Celexa et Zoloft) s'est
avéré efficace, que ceux-ci soient utilisés seuls
ou en combinaison avec la luminothérapie.
3) Psychothérapie
Un suivi en psychothérapie peut aider à diminuer les
symptômes de la dépression saisonnière par un
travail sur les attitudes négatives et les comportements.
4) Traitements non conventionnels :Phytothérapie
Millepertuis. (Hypericum perforatum). Si l'efficacité du millepertuis
pour traiter la dépression ne fait plus de doute, peu d'études
ont évalué ses effets sur les symptômes de la
dépression saisonnière. Trois études de faible
envergure ont été publiées dans les années
199010-12. Lors de l'étude la plus récente, on a comparé
l'effet du millepertuis à celui du millepertuis combiné
à la luminothérapie. Dans cette petite étude
non contrôlée d'une durée de huit semaines sur
des personnes souffrant de dépression saisonnière, on
a observé une amélioration significative en ce qui a
trait à l'anxiété, à la perte de libido
et à l'insomnie pour les deux traitements. Les mesures étaient
identiques pour les deux groupes, exception faite de la qualité
du sommeil qui était meilleur dans le deuxième groupe10.
Lors de ces études, des doses quotidiennes de 900 mg d'extrait
standardisé de millepertuis ont été utilisées.N.B.
En ce qui concerne l'action photosensibilisante du millepertuis (qui
d'ailleurs serait inexistante aux doses normalement recommandées),
le Dr Andrew Weil affirme qu'elle n'est d'aucun risque, même
en combinaison avec la luminothérapie puisque la photosensibilisation
produite par l'ingestion de millepertuis ne concerne que les ultraviolets
(des rayons que ne produisent pas les lampes requises au traitement)13.
Travaux réalisés par les TH1 - mai 2005.